PIÈCE DE THÉÂTRE
11 personnages
6 femmes
5 hommes
Le temps n’est plus aux retrouvailles. Il est à la découverte de ce qui est, maintenant, après que la poussière soit retombée. Geneviève a subit l'ablation de ses seins suite à un cancer. Elle doit réapprendre à vivre mais ce n'est pas aussi facile qu'elle le souhaiterait. Son entourage essaie de la forcer à avancer comme si rien n'avait changé mais au contraire, tout a changé et tout ne sera plus jamais comme avant.
Geneviève Lachance
Pauline Lachance
Hubert Lachance
Catherine Blais
France Lapointe
Richard Flinn
Josiane Frenette
Simone Lachance
Marie-Lise Lachance (Mélie)
Pierre DeBlois
Louis-Julien Bourques
EXTRAIT:
Louis-Julien: Ça fait longtemps que j’ai pas vu un bon film de même.
Geneviève: J’ai pas trouvé ça si bon que ça moi. Me semble que ça s’peut pas une histoire comme ça.
Louis-Julien: Tout se peut ma chérie.
Geneviève: Mais oui mais là, c’est un peu tiré par les cheveux tu trouves pas? J’pense que j’ai pas tout compris. Elle part en voyage avec sa mère. Sa mère meurt dans l’avion en partant. Rendue en Allemagne, la merde pogne parce qu’on découvre que sa mère avait une double vie d’espionne d’on sait pas trop quoi. Tout le monde veut la tuer elle, on sait pas trop pourquoi, pis finalement quand elle réussit à rentrer au pays après presque deux ans, son épais de mari l’attend avec des fleurs pis du champagne…
Louis-Julien: Pourquoi tu le trouves épais? Parce qu’il l’a attendu?
Geneviève: Oui pis aussi parce que me semble que pendant tout ce temps là, y’a du se morfondre à pas comprendre ce qui se passait pour elle non?
Louis-Julien: C’t’un film.
Geneviève: Un film plate.
Louis-Julien: Ce qui compte Geneviève, c’est que le mari y’aimait toujours sa femme après tout ce temps là. Y’a pas passé à l’autre comme y’aurait pu. Il l’aimait pis t l’a attendu.
Geneviève: Et que t’es fleur bleue.
Louis-Julien: Peut-être mais quand t’aimes, t’aimes. Peu importe.
Geneviève: Moi je ne crois pu à ça. Tout est toujours parfait dans ces maudits films-là. Tu l’as vue la fille dans le film, super belle, parfaite, pendant presque deux ans sans travailler elle a pas perdu une once, ses cheveux ont pas poussé, ses mèches sont restées parfaites. On l’a pas vu prendre sa douche une sainte fois.
Louis-Julien: Ben c’est pas mon cas. J’vas aller prendre la mienne. Geneviève, j’aimerais ça que tu montes toi aussi.
Geneviève: Oui, oui j’va monter tantôt, j’ai quelques dossiers à réviser avant demain.
Louis-Julien: Geneviève, laisse faire tes dossiers de papiers pis vient t’occuper du mien qui est très en chair…
Geneviève: Ah franchement Louis-Julien, c’est pas le moment.
Louis-Julien: Pourquoi pas? Ce film là m’as mis dans une bonne disposition.
Geneviève: La femme est parfaite dans le film, pas la tienne. Tu vas déchanter assez raide. Fais ce que t’as à faire.
Louis-Julien: C’est justement ce que j’essaye. Monte!
Geneviève: (Elle se lève et ouvre sa robe de chambre pour lui montrer sa poitrine) T’as envie de faire l’amour à ça. À ce que je suis devenue. T’es vraiment dérangé. Je ne connais pas un homme normal sur la terre qui aurait envie de baiser une femme comme moi. Une femme qui ne se reconnait plus dans le miroir. Une loque qui trouve que son corps est tellement moche. Une horreur qui doit vivre malgré tout.
Louis-Julien: Geneviève, pour moi t’as pas changé.
Geneviève: Hey, essaye pas de faire semblant que tout est comme avant.
Louis-Julien: J’essaye pas de faire comme avant parce que pour moi ça a toujours continué. Y’a pas d’avant ou d’après. Y’a juste aujourd’hui, et oui j’ai envie de toi, viens plus près.
Geneviève: Laisse-moi tranquille! Je suis pas capable Louis-Julien. Je serai plus jamais capable.
Louis-Julien: Ça va faire deux ans que t’es en rémission, y va falloir que tu passes à autre chose si tu veux vivre.
Geneviève: Qui te dis que je veux vivre?
Louis-Julien: Ben voyons, t’as pas tout fait ça pour te laisser aller maintenant?
Geneviève: J’ai rien fait. C’est vous autres, tous les autres, qui m’avez obligé à suivre les maudits traitements, à me faire mutiler, à mourir petit à petit. T’étais le premier à me brailler dans les bras quand je te l’ai dit.
Louis-Julien: Chérie, c’est une décision que tu as prise par toi-même. Personne a forcé la note pour que tu choisisses. De toute façon y’avait pas de choix à faire, franchement. On choisit toujours de se battre.
À suivre....